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bonne lecture
« Le mont-de-piété / Chez ma tante / Le clou »
Établissement de prêt sur gage
Lorsqu'on a un cruel besoin d'argent et qu'on dispose encore de quelques biens monnayables, il peut être nécessaire d'aller dans un établissement de prêt sur gage (aujourd'hui, on va généralement au Crédit Municipal) mettre ces biens en dépôt en échange d'une somme d'argent, avec l'espoir de les récupérer ensuite une fois la mauvaise passe terminée et l'argent remboursé.
Si cet établissement est souvent appelé le mont-de piété, chez ma tante ou le clou, un curieux se demandera inévitablement d'où peuvent venir ces appellations.
La première nous vient au XVIe siècle de l'italien. Elle est en effet une traduction très libre de "monte di pieta" qui voulait dire "crédit de pitié" ('monte' signifiant en fait à cette époque "somme d'argent due"), terme qui correspond parfaitement à la situation.
La seconde date du début du XIXe siècle. C'est un terme ironique qui vient de ces personnes qui, ne voulant pas avouer leur recours au mont-de-piété, expliquaient leur soudaine rentrée d'argent par un apport venu de la proche famille.
Et à ceux qui se demanderaient pourquoi la 'tante' plutôt que la cousine ou la belle-mère, certains l'expliquent par l'utilisation du féminin de 'oncle' qui, en Belgique au XVIIe siècle, désignait un prêteur sur gage.
La dernière est une image qui date de la même époque et qui vient simplement de ces 'clous', parfois simplement imaginaires, où les objets mis en dépôt au mont-de-piété étaient supposés être accrochés.
« En sortant du Mont-de-Piété où elle vient d'engager sans nécessité ses bijoux et son argenterie, Mme G., déguisée en pauvresse et couverte de reconnaissances, arrive dans le magasin où travaille son fils (…) »
Marcel Jouhandeau - Chaminadour II - 1936
« (...) tiens, où est donc ta pendule ?
- Elle est à raccommoder.
- ... (Riant). C'est pas vrai, n'est-ce pas : tu peux bien me le dire, à moi... Elle est chez ma tante... »
Henri Monnier - Scènes populaires - 1835
« - Tiens, porte ça au clou.
- Tu ne veux pas que je porte aussi les enfants ? demanda-t-elle. Hein ! si l'on prêtait sur les enfants, ce serait un fameux débarras ! »
Émile Zola - L'assommoir - 1877
maryléna