LES ORIGINES DU TAROT
Malgré de nombreuses hypothèses, l’origine du tarot demeure encore obscure et peu d’historiens s’aventurent à la préciser. Percevant en Égypte ancienne la source du symbolise occidental Court de Gébélin écrivait aux XVIII siècles : […] Si l’on entendait annoncer qu’il existe encore de nos jours des ouvrages des anciens égyptiens, qui dévorent leurs superbes bibliothèques et qui contient leur doctrine la plus pure sur des objets intéressants, chacun serait, sans doute, empressé de connaître un livre aussi précieux, et aussi extraordinaire […]
Ce livre égyptien, seul reste de leurs superbes bibliothèques, existe de nos jours : il est même si commun, qu’aucun savant n’a daigné s’en occuper, personne avant nous n’ayant jamais soupçonné son illustre origine. Ce livre est le jeu des tarots
Or s’il est vrai que le tarot est un ouvrage symbolique extraordinaire. Court de Gébélin affirme cependant fort gratuitement l’origine égyptienne du tarot. Il suffit de discerner le caractère symbolique de figure jusqu’alors considérées comme fantaisistes, pour que d’emblée, il s’y reconnaisse des hiéroglyphes, attribuables aux sages de la plus haute antiquité. C’est aller trop vite en besogne
Par contre, une autre hypothèse, beaucoup plus intéressante, fut développée au siècle dernier par de nombreux érudits tels que Eliphas Lévi, Papus, Stanilas de Guita ou Oswald Wirth. Il s’agit de l’origine hébraïque du tarot, chacune des vingt deux lames majeures correspondants aux vingt-deux lettres de l’alphabet hébreu. En effet, ce qui frappe avant tout dans le tarot, c’est le nombre 22 qui est précisément celui des lettres de l’alphabet hébraïque. On peut donc se questionner si se ne sont pas aux Juifs que nous devons nos vingt-deux figures kabbalistiques
Certains hermétistes affirment que ces dessins allégoriques auraient été créés par des kabbalistes médiévaux pour servir de supports de réflexions métaphysiques sur les vingt-deux lettres hébraïques.
Selon l’alchimiste et inéluctable Oswald Wirth on peut s’instruire des choses profanes en écoutant parler les pédagogues : il n’en est pas de même en initiation. Le vrai secret reste à jamais incommunicable, il ne se souffle pas de bouche a oreille. Pour le posséder, il faut parvenir à l’assimiler spirituellement, en le découvrant au-dedans de soi-même. Le propre du symbolisme est de rester indéfiniment suggestif, chacun y voit ce que sa puissance visuelle lui permet de percevoir. En tant que mode d’expression, le symbolisme répugne au positivisme des affaires et de l’enseignement profane. Il ne s’adresse qu’aux seuls penseurs capables de méditer et d’approfondir
Jadis, alors qu’on lisait moins, on pensait davantage en se parlant silencieusement à soi-même. L’esprit des anciens se plaisait à enfourcher le Pégase du rêve philosophique pour s’élever avec les poètes dans le ciel des idées.
Il nous faut revenir à cette aviation mentale, si contraire à nos habitudes de locomotion terre à terre. Le positivisme contemporain, rigoureux dans ses déductions, doit se doubler en nous d’un poète subtil (vates en latin) capable de vaticiner logiquement, car le penseur complet se révèle DEVIN : il devine ce qui reste mystérieux et inintelligible au vulgaire.
Loin de dédaigner la divination, il convient de nos jours d’en réhabiliter la pratique. Même quand elle se borne à de puérils balbutiements, elle ouvre à l’intelligence des portes communément fermées.
Nous garderons donc de décourager ceux qui étudient le tarot surtout au point de vue divinatoire, car la divination est l’ère de toutes nos sciences, de nos philosophies et de nos religions. Elle est respectable dans son principe et mérite d’être prise aux sérieux. C’est la raison qui nous interdit de négliger les interprétations divinatoires que suggèrent aux cartomanciens les vingt-deux arcanes du tarot. Pour débrouiller de notre mieux le chaos des interprétations indéfiniment extensibles. Nous signalons tout d’abord pour chaque arcane les notions de l’ordre le plus transcendant. De la métaphysique nous passons ensuite au domaine moral ou psychique, ou se rangent les vertus, qualités et aptitudes. Nous descendons enfin aux acceptations les plus matériels, pour terminer par les vices, les malheurs et les défauts.
Quoi qu’il en soit, il semble bien que le tarot fut introduit en Europe, sous sa forme actuelle, vers le quatorzième siècle. En effet l’étude de certains éléments graphiques apparaissent sur les arcanes nous le donne à penser.
A titre d’exemple : Le jeune homme de l’arcane VI est vêtu d’un pourpoint et de bas qui n’apparurent qu’aux environs de 1335. La troisième couronne de la tiare papale, dessinée sur l’arcane du pape, apparaît quant à elle vers 1315 ou 1316. Si le caractère médiéval du tarot, sous sa forme actuelle, ne fait aucun doute, nous garderons cependant d’avancer quoi que se soit en ce qui concerne son origine, les grands archétypes le constituant étant de toute manière éternelle. Nonobstant, ce qui demeure indéniable, c’est qu’il constitue un ensemble d’images symboliques extrêmement puissantes mobilisant aisément le regard et l’attention de celui qui les contemple. C’est ce qui nous intéresse.