« Parler à la cantonade »
Parler sans s'adresser à quelqu'un en particulier
Au XVe siècle, le mot 'cantonade' désigne un angle de maison (le mot est emprunté au provençal 'cantonada' pour 'angle').
Au XVIIe siècle, il se spécialise dans le monde du théâtre où il désigne d'abord les côtés de la scène où, à l'époque, sont assis les spectateurs privilégiés.
Puis, ces emplacements, n'étant plus occupés par des spectateurs, il finit par désigner les coulisses.
La locution à la cantonade apparaît au milieu du XVIIIe siècle. Il s'agit alors d'un jeu scénique où l'acteur fait semblant de s'adresser à quelqu'un qui reste invisible, car placé dans les coulisses.
Le sens actuel est une métaphore venue de cet emploi théâtral. Les coulisses ont disparu, mais la personne qui parle à la cantonade ne vise pas non plus un interlocuteur précis, et ce d'autant moins que, souvent, aucune réponse n'est attendue.
« (...) la patronne du café parut à la porte de l'arrière-salle réservée aux réunions, et cria, à la cantonade : "On demande Thibault au téléphone". »
Roger Martin du Gard - Les Thibault - 1935
marylena